Apprendre à dire stop… avant qu’il soit trop tard ?
- celineolivier77
- 25 avr.
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 29 avr.

Depuis février 2024, j’occupe le poste de sexopédagogue et de conseillère au planning familial de Saint-Gall. Avec mon collègue, nous sillonnons les routes du canton pour dispenser des cours dans les écoles primaires, les collèges et lycées, mais aussi dans des institutions pour personnes en situation de handicap et dans des centres d’accueil pour personnes migrantes. Depuis le début de cette mission, j’ai pu mesurer à quel point l’éducation est un levier puissant de transformation sociale.
Chaque échange, chaque classe, chaque rencontre me confirme l’importance de donner aux jeunes les outils nécessaires pour comprendre leurs émotions, poser des limites et respecter celles des autres, afin qu’ils puissent se construire dans des relations saines, libres et respectueuses.
"Je t'accuse" — un cri nécessaire porté par la chanteuse Suzanne
Ce clip percutant met en lumière des violences trop souvent tues et rappelle l’urgence d’agir bien sûr mais aussi de prévenir et d’éduquer. En France, l’actualité regorge de révélations concernant les violences sexistes, conjugales et sexuelles : des femmes qui parlent, des silences qui explosent. Des mouvements comme #MeToo, #BalanceTonPorc et les récentes affaires de violences dans le cinéma, le sport, ou l’Église (comme l’affaire Bertrand Cantat) nous montrent à quel point ces violences sont systémiques, banalisées et enracinées.
Face à cela, il y a une réponse évidente : l’éducation. Ces violences ne naissent pas d’un jour à l’autre. Elles prennent racine dans l’ignorance, les stéréotypes, l’absence de parole. Et c’est là que le changement commence!
Ensemble, nous pouvons bâtir une culture du respect, de l’égalité et du consentement.
Face aux comportements sexistes, intrusifs et violents, la prévention est notre meilleure alliée.
Beaucoup de parents et d'institutions s’opposent encore aux cours d’éducation à la vie sexuelle, affective et relationnelle. Cette résistance est souvent alimentée par des peurs : crainte de la sexualisation précoce, conflit avec des valeurs religieuses, culturelles ou éducatives, méconnaissance du contenu des cours, etc. Pourtant, ces cours ont pour objectif de briser les tabous et de préparer les jeunes à des relations saines et respectueuses. Ils offrent un cadre éducatif ouvert et bienveillant, essentiel dans un monde où les jeunes peuvent être confrontés à des informations erronées, voire dangereuses, sur Internet.
Plus que jamais, il est crucial d’apprendre aux jeunes à s’écouter, à se respecter, à vivre des relations autrement, c'est-à-dire dans l’autonomie, la réciprocité, la liberté d’être soi, le respect du consentement, et l’intelligence émotionnelle.
Les cours d’éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle permettent de déconstruire les idées reçues et de développer une réflexion critique. Ces cours abordent bien plus que la sexualité au sens biologique. Ils couvrent aussi les émotions, le respect de soi et des autres, la communication, les stéréotypes de genre, et la prévention des violences. C’est un espace où chacun peut poser ses questions, où des liens de confiance se tissent, et où des outils concrets sont transmis pour construire des relations plus justes, plus humaines et plus saines.
Vers une société plus juste
L’éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle est une éducation à la liberté, au respect et à la dignité.Elle protège, elle émancipe, et elle construit une société plus juste.
Les sexopédagogues enseignent à reconnaître les signes précoces de violence ou de domination (remarques déplacées, gestes non consentis, contrôle déguisé en attention, jalousie excessive, pressions sexuelles, chantage affectif, humiliations, etc). Ces signes doivent être identifiés pour pouvoir réagir à temps.
Ils apprennent également à se protéger .Cela signifie ne pas accepter de vivre une relation dans la peur ou la méfiance constante. Cela passe par connaître ses droits et ses limites, oser dire non, même quand c’est difficile, identifier les situations à risque, faire confiance à ses ressentis, savoir à qui s’adresser en cas de malaise ou d’agression.
L’éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle est donc une nécessité pour construire un avenir plus juste, plus respectueux et surtout plus humain!
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