Qu'est ce que le Playfight ? Un sport, un jeu de cours d'école ?
J'étais intriguée et j'ai donc participé hier soir à un cours d'initiation au Playfight avec 11 parfaits inconnus. Dans cet article, je vous révèle ce qui m'est passé par la tête et surtout quelles similitudes je vois entre le playfight et la sexualité.
Il s'agit en fait de pleine conscience, de connexion à soi et aux autres, de plaisir, de puissance, de joie de vivre.
Contrairement aux arts martiaux, le playfight n'est pas une question de force, de supériorité et de victoire. J'ai plutôt compris que l'accent est mis sur une interaction intense et palpitante. Il s'agit d'utiliser notre force intérieure pour entrer en relation avec l'autre de manière consciente et authentique: dans un cadre sûr et respecteux, ressentir sa propre puissance et celle de son partenaire de jeu, observer avec finesse et sentir comment le flow naît ou non de l'interaction et de l'improvisation de contact. Jouer simplement de manière insouciante et exubérante, laisser libre cours à sa créativité, rire du fond du cœur, être sauvage, sans attentes, sans plan ni stratégies, se laisser aller et savourer la pure joie du moment.
Au début, on apprend simplement le nom des autres participants, s'ils ont déjà une expérience de Playfight et ce qu'ils viennent chercher ici. Certains veulent expérimenter, d'autres veulent faire l'expérience de leur propre force, s'amuser ou assouvir leur besoin de proximité physique sans malentendu. En ce qui me concerne, j'ai toujours du mal avec les inconnus et les contacts physiques. Et oui, I like to fight!
C'est ma première fois et il est clair que je suis excitée, même si je connais la salle pour y avoir participé à un précédent atelier. Et il est rassurant de savoir qu'il y a des règles à respecter et que le contact avec l'autre se fait dans un cadre sûr. Le plaisir de la bagarre est à l'honneur, donc pas de soucis, je ne vais pas perdre mes dents.
Malgré cela, mon système nerveux végétatif est actif. Inconsciemment, il évalue en permanence notre environnement pour déterminer si nous sommes en sécurité ou en danger. Ce processus s'appelle la neuroception et déclenche involontairement différents processus neurophysiologiques qui assurent notre survie dans une situation jugée dangereuse[1]. Ce qui nous est étranger et inconnu est souvent perçu comme menaçant. J'essaie donc de percevoir consciemment les signaux de mon corps. Comment est mon tonus musculaire ? Haut. Est-ce que j'ai des tensions au visage ? Oui, ma mâchoire me fait mal. Comment bat mon cœur ? Rapidement. Comment est-ce que je respire ? superficielle. Oh, mon Dieu, je transpire aussi et honnêtement, l'idée de toucher des personnes presque inconnues me met mal à l'aise. Eh bien, c'est clair, mon système nerveux sympathique (mode combat-fuite) est actif. Qu'est-ce qui va bien pouvoir me donner un sentiment de sécurité maintenant ?
Alignement, centrage, ancrage
Grâce à différents exercices, David - notre entraîneur - nous aide à prendre conscience de notre propre corps. En marchant, nous cherchons le contact avec le sol, changeons le rythme de notre course et prenons conscience de ce qui se passe dans notre corps. Mon cœur bat la chamade, je suis essoufflée et je transpire. David nous invite à respirer plus consciemment, par exemple en synchronisant le mouvement avec la respiration, en observant la respiration des autres joueurs et en expirant de manière prolongée.
Je suis "arrivée chez moi", c'est-à-dire que je peux me sentir et me montrer telle que je suis. De quoi ai-je encore besoin pour aller à la rencontre de l'autre, me sentir en sécurité et de quoi a-t-il/elle besoin pour se sentir bien? Je connais ma force et ma faiblesse, je sais comment fonctionne mon corps et j'en connais ses limites. J'observe : l'attitude, le regard, les mimiques et les gestes. Je n'ai pas d'attentes ou d'idées sur la manière dont cette rencontre va se dérouler, mais maintenant je me réjouis d'expérimenter ce nouveau contact.
Le Playfight est consensuel et ritualisé. Mais comment commencer?
L'invitation: D'abord on choisit un.e partenaire de combat. Les regards se croisent. On refuse la proposition ou on communique son accord verbalement ou par le langage corporel , par exemple en disant non, en hochant la tête en signe d'approbation ou non, en souriant, en établissant un contact visuel. Il est important de reconnaître ses propres désirs et limites ainsi que ceux de son/sa partenaire et de les respecter, c'est-à-dire de pouvoir dire oui ou non en toute connaissance de cause et d'accepter un non sans rancune.
La rencontre: se trouver sans avoir échanger trop de mots est un défi passionnant. Par des mouvements conscients, mais aussi de manière expérimentale, le Playfight offre un cadre permettant de faire naître une communication corporelle. C'était une expérience passionnante d'entrer en contact avec chaque personne et de voir comment une dynamique du mouvement se crée. Un contact visuel engageant, des sourires confiants ou taquins, des effleurements fermes ou doux, des rotations lentes ou rapides, des cris sauvages ou des gémissements discrets, des mouvements fougueux ou contrôlés, respirer ensemble, opposer une résistance ou coopérer, changer de rythme, donner ou prendre, dominer ou se soumettre, rester dans sa zone de confort ou prendre des risques, guider ou se laisser aller, etc. Peu importe ce qui en résulte ou non, tout le corps est en action et, curieusement, les limites personnelles et celles de l'autre s'étendent peu à peu.
L'estime: c'est d'un commun accord que se termine le combat. Il s'ensuit spontanément une accolade, un sourire reconnaissant, un claquement de main salvateur, un regard coquin ou simplement un merci. Ceux qui le souhaitent peuvent faire part de ce qu'ils/elles ont personnellement observé et de ce qui a été touchant pendant la rencontre.
Les expériences corporelles permettent de se rapprocher
Pour ceux qui, comme moi, ont du mal à aller vers les autres et à se laisser aller, la ritualisation du Playfight ainsi que le cadre securisant aident à baisser le seuil d'inhibition face au contact physique avec des personnes inconnues et à lutter contre les préjugés qui surviennent involontairement à la première vue des autres personnes. Après un bref combat, chacun sait comment son compagnon de combat le regarde, le touche, bouge, sent, respire, se défend, participe, gémit, crie ou rit. Soyez en sûrs, de telles expériences vous lient aux gens.
Les moments magiques du Playfight, ce sont toutes ces rencontres et ces souvenirs particuliers ainsi que les petites blessures, contusions et écorchures qui, après coup, font naître sur mon visage un sourire espiègle et un sentiment de fierté. Mais franchement, tout cela n'est que bagatelle à la vue des visages radieux des participants à la fin de la soirée.
Entre agitation et excitation, quel rapport avec le sexe?
Comme mentionné plus haut, la neuroception influence notre perception, nos sentiments et nos actions. Il en va de même pour le sexe. En effet, pour apprécier la diversité de la sexualité et des sentiments, notre nerveux végétatif joue un rôle important, notamment l'interaction harmonieuse entre le parasympathique et le sympathique, dont l'activité varie selon les phases de la rencontre sexuelle. Le parasympathique est responsable de la rencontre érotique, de la détente, d'une meilleure sensorialité et du plaisir, et s'active dès que le réflexe d'excitation est déclenché. Il prépare les organes sexuels à l'acte sexuel et provoque la relaxation des vaisseaux sanguins, la vasocongestion (c'est-à-dire l'apport de sang dans le pénis pour une érection chez l'homme et le gonflement du clitoris et des lèvres internes ainsi que la lubrification chez la femme). Lors d'un contact plaisant et agréable, l'hypothalamus et l'hypophyse sécrètent des hormones d'attachement telles que l'ocytocine, ce qui renforce le sentiment de proximité et de confiance avec le/la partenaire. L'activation du système nerveux sympathique favorise l'augmentation de l'excitation sexuelle jusqu'à l'orgasme et l'éjaculation. Son activité se reconnaît à l'accélération du pouls, à une respiration plus rapide et superficielle, à une tension musculaire élevée et à la transpiration jusqu'à ce que le réflexe orgasmique soit déclenché : des contractions musculaires dans tout le corps, surtout dans les muscles du plancher pelvien autour des organes génitaux. Chez la femme, les muscles autour du vagin se contractent et les muscles de l'utérus se contractent de manière rythmique. Chez l'homme, les muscles autour du pénis se contractent et il éjacule. Dans la phase de repos qui suit l'orgasme, le système parasympathique est à nouveau activé. La tension et l'excitation accumulées diminuent soudainement et les parties génitales retrouvent leur taille normale. Les battements du cœur et la respiration ralentissent. L'orgasme déclenche une concentration de sérotonine et de prolactine dans notre cerveau, ce qui répand simultanément un sentiment de bonheur et de fatigue[2].
Donc, en résumé, sans tension (ou agitation), pas d'augmentation de l'excitation sexuelle et donc pas d'orgasme et sans détente, pas de sensation et pas de plaisir, donc pas d'orgasme. C'est pourquoi il est important d'apprendre à se réguler, à se centrer et à pouvoir activer consciemment le système parasympathique.
La corporéité et la rencontre ludique sont des ingrédients importants en matière de sexualité
De nombreuses personnes sont constamment en mode "combat-fuite". Stressées par la vie quotidienne, le travail ou quoi que ce soit d'autre, elles sont crispées et ne s'accordent une pause ou du temps libre que lorsqu'elles n'en peuvent plus. Elles sont très efficaces jusqu'à ce qu'elles s'épuisent, car cette charge permanente entraîne généralement des complications physiques et/ou psychiques. En matière de sexe, c'est très similaire. Elles veulent absolument obtenir quelque chose (par exemple une érection, un orgasme). Mais au lit, il règne plutôt de la peur, du dégoût, de la honte ou même de la colère, si bien que le/la partenaire apparaît comme un ennemi. Les pensées tournent en rond, on est distrait pendant l'acte, les sentiments deviennent chaotiques. Les attentes ne sont pas comblées, le sexe n'est pas satisfaisant. Avec le temps, le désir disparaît également.
Beaucoup d'adultes ont oublié ce que nous faisons intuitivement lorsque nous sommes enfants pour apprendre à connaître notre propre corps, les autres êtres vivants et notre environnement. Les enfants jouent et expérimentent, c'est-à-dire qu'ils touchent pour comprendre. Ce n'est qu'en se sentant, en s'observant et en réfléchissant sur soi-même que l'on peut apporter de l'authenticité dans sa vie et dans ses relations avec les autres et surtout prendre conscience de ses désirs et de ses limites.
La sexualité de couple est aussi un lieu pour pouvoir évoluer avec son/sa partenaire. Se percevoir, se sentir, s'essayer et se montrer dans l'excitation est une ressource puissante et un sentiment vivifiant. La sexualité est aussi un jeu avec le mouvement, le rythme, le tonus, la respiration et celui qui se montre curieux peut apprendre beaucoup de choses sur lui-même et sur son/sa partenaire ou en découvrir de nouvelles. Jouez, séduisez, n'ayez pas trop d'attentes, expérimentez, riez pour profiter de l'instant présent. Comme pour le Playfight , cela vaudrait peut-être la peine d'expérimenter des rituels pour entrer dans le flow de la sexualité.
Après une rencontre érotique et pleine de plaisir, chacun.e connaît la sensation d'un corps vivant et palpitant sous l'effet des hormones du bonheur. Après une nuit de folie, les souvenirs reviennent aussi et nous donnent envie de recommencer. Comme pour le Playfight. Grrrr!!!!
Si vous avez envie d'explorer votre puissance de combat, n'hésitez pas à prendre contact avec David Suivez[3] pour des cours d'initiation au Playfight qui sont régulièrement organisés sur Zürich [4]. Si vous souhaitez découvrir le potentiel de votre excitation sexuelle, n'hésitez pas à prendre rendez-vous pour une consultation à mon cabinet de sexologie, de santé sexuelle et affective Lustkreis.
[1] Plus d'infos sur le système nerveux végétatif et la théorie Polyvagale: Stephen W. Porges "Die Polyvagal-Theorie. Neurophysiologische Grundlagen der Therapie". Paderborn: Junfermann, 2010 et Deb Dana "Die Polyvagal-Theorie in der Therapie". Probst, G.P. Verlag, 2018. [2] Plus d'infos sur le cocktail d'hormones du bonheur secrétées lors de l'orgasme «Faites l'amour pas une dépression" [3] http://davidsuivez.com/work [4] https://www.movementmasterclass.com/
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